Au moins deux corps de migrants africains ont été retrouvés en une dizaine de jours dans des zones désertiques à la frontière entre la Tunisie et l’Algérie où des dizaines d’autres errent abandonnés à leur sort, selon un porte-parole judiciaire et un témoin tunisiens.
À la suite d’affrontements ayant coûté la vie à un Tunisien la semaine dernière, des dizaines de migrants de pays d’Afrique subsaharienne ont été chassés de Sfax (centre-est de la Tunisie) et conduits par les autorités, selon des ONG, vers des zones inhospitalières frontalières de la Libye et l’Algérie.
Une enquête ouverte pour «mort douteuse»
«Un premier corps a été retrouvé il y a au moins dix jours dans le désert de Hazoua (tout près de la frontière algérienne, ndlr) et un autre hier soir», a indiqué mardi 11 juillet à l’AFP Nizar Skander porte-parole du tribunal de Tozeur, dans le sud-est de la Tunisie, instance qui a «ouvert une enquête pour mort douteuse».
«Il s’agissait de deux jeunes hommes, la protection civile est venue chercher celui qui a été retrouvé hier», a indiqué à l’AFP le témoin, un commerçant local qui a requis l’anonymat.
Selon lui, «deux convois en une semaine ont été vus en train de déposer des migrants d’Afrique subsaharienne, au total une centaine dans les environs de Hazoua».
«Beaucoup de ces migrants essayent de rejoindre les oasis où les habitants leur donnent de l’eau et de la nourriture», a ajouté le témoin.
L’ONG Human Rights Watch a fait part lundi 10 juillet de son inquiétude pour «150 à 200 migrants subsahariens» se trouvant dans les zones frontalières entre l’Algérie et la Tunisie.
Un migrant guinéen, Mamadou, qui s’est géolocalisé à Douar El Ma, du côté algérien de la frontière, a lancé lundi 10 juillet un appel de détresse à l’AFP en disant n’avoir «ni eau ni nourriture». Il n’était plus joignable ce mardi 11 juillet. Ils étaient une trentaine dans la même situation, a-t-il témoigné.
HRW avait recueilli un témoignage il y a quelques jours parlant de «plusieurs personnes mortes près de la frontière algérienne».
«De nombreuses personnes expulsées près de la frontière algérienne risquent leur vie si elles ne sont pas immédiatement secourues», a déclaré à l’AFP Salsabil Chellali, directrice de HRW en Tunisie.
HRW a annoncé lundi soir la mise à l’abri de 500 à 700 migrants subsahariens qui avaient été abandonnés la semaine passée dans une zone tampon à la frontière entre la Tunisie et la Libye vers au moins trois villes tunisiennes: Ben Guerdane, Tataouine et Médenine.
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