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Apres le tabassage de Michel Zecler, Emmanuel Macron dénonce des images qui font honte à la France

Quatre membres des forces de l’ordre ont été placés en garde à vue vendredi pour avoir tabassé un producteur de musique à Paris. Choqué, le président français veut lutter contre ces discriminations.

Quatre policiers ont été placés vendredi en garde à vue après le violent passage à tabac d’un producteur noir à Paris, une affaire qui a «choqué» le président Macron, et relancé le débat récurrent en France sur le racisme et les violences policières.

Les quatre fonctionnaires, suspendus jeudi, ont été placés en début d’après-midi en garde à vue dans les locaux de l’IGPN (Inspection générale de la police nationale).

Ils sont visés par une enquête pour «violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique», «faux en écriture publique» et pour des faits de «racisme», a indiqué une source judiciaire à l’AFP.

Dès jeudi, la victime, Michel Zecler, a affirmé à la presse que les policiers l’avaient insulté et traité de «sale nègre» à plusieurs reprises en le rouant de coups.

La vidéo du passage à tabac, diffusée jeudi sur les réseaux sociaux et largement partagée (plus de 14 millions de vues), a déclenché une onde de choc jusqu’au sommet de l’Etat, en passant par des grands noms du sport comme les footballeurs Antoine Griezmann et Kylian Mbappé, et de la musique comme les chanteurs Benjamin Biolay ou Aya Nakamura.

Macron s’insurge
Le président Emmanuel Macron a été «très choqué» par les images montrant Michel Zecler, 41 ans, roué de coups dans l’entrée de son studio de musique à Paris.

«La France ne doit jamais laisser prospérer la haine ou le racisme», a-t-il dit dans une déclaration sur les réseaux sociaux, en réclamant «une police exemplaire avec les Français» mais aussi «des Français exemplaires avec les forces de l’ordre».

«Ceux qui font appliquer la loi doivent respecter la loi. Je n’accepterai jamais que la violence gratuite de quelques-uns entache le professionnalisme de femmes et d’hommes qui, au quotidien, assurent notre protection avec courage», insiste-t-il.

«Je demande au gouvernement de me faire rapidement des propositions pour réaffirmer le lien de confiance qui doit naturellement exister entre les Français et ceux qui les protègent et pour lutter plus efficacement contre toutes les discriminations», poursuit le chef de l’Etat, qui intervient pour la première fois dans ce dossier.

Projet de loi polémique
Le président français ajoute être le «garant» des libertés, en particulier la liberté d’expression et de la presse. «Je n’accepterai jamais que ces libertés puissent être reniées», dit-il, en pleine polémique sur un projet de loi qui veut sanctionner la diffusion malveillante d’images de policiers en opération.

Le chef de l’Etat souligne aussi vouloir défendre la liberté de manifester. «Chaque citoyen doit pouvoir exprimer ses convictions et revendications à l’abri de toute violence et de toute pression». «La France est un pays d’ordre et de liberté, pas de violence gratuite et d’arbitraire», poursuit le président.

Il faut «conduire avec détermination, calme et respect les débats qui sont aujourd’hui ceux de notre société. Ni l’invective, ni l’opprobre, ni les manipulations ne sauraient y contribuer», conclut-il en appelant à «la concorde».

Sanctions à prendre
Le chef de l’Etat a reçu jeudi le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin pour lui demander de prendre des sanctions claires contre les policiers qui ont frappé un producteur noir, Michel Zecler, devant des caméras de vidéo surveillance.

Quatre policiers, suspendus jeudi, ont été placés vendredi en garde à vue dans les locaux de l’IGPN (Inspection générale de la police nationale).

Violences et racisme
Cette affaire relance les interrogations sur un racisme et une violence «structurels» au sein de la police française, catégoriquement démentis par les autorités, mais alimentées par une série d’affaires ces dernières années.

«La police française a un problème structurel de violence», a déclaré à l’AFP le sociologue Fabien Jobard, affirmant ne connaître «aucun pays d’Europe occidentale qui connaisse une telle ampleur du problème policier».

Ce passage à tabac intervient quelques jours après le démantèlement brutal lundi d’un camp de migrants installés en plein centre de Paris lors d’une action médiatique des associations leur venant en aide.

Les images de cette évacuation, filmée par des journalistes et des militants, ont choqué et donné lieu à un rapport de l’IGPN, qui a dénoncé «un usage disproportionné de la force» de la part d’un commissaire ayant fait un croche-pied à un migrant.

Proposition de loi controversée
Ces affaires, révélées par des images diffusées sur internet, surviennent en pleine polémique sur une proposition de loi visant à restreindre le droit à filmer des policiers en opération.

Cette loi est dénoncée par les journalistes et défenseurs des droits comme une atteinte à la liberté d’informer, et a donné lieu depuis deux semaines à des manifestations qui ont souvent dégénéré.

Le texte, adopté mardi par l’Assemblée nationale et qui doit être encore examiné par le Sénat, a cristallisé passions et antagonismes.

Plébiscité par les syndicats policiers, soutenu par la droite et l’extrême droite, son article 24 réprime d’un an de prison et 45’000 euros d’amende la diffusion de «l’image du visage ou tout autre élément d’identification» de membres des forces de l’ordre en intervention, quand elle porte «atteinte» à leur «intégrité physique ou psychique».

Atteinte à la liberté d’informer
La gauche et les défenseurs des libertés publiques y voient «une atteinte disproportionnée» à la liberté d’informer et le signe d’une dérive autoritaire de la présidence Macron.

Pour calmer cette colère, le Premier ministre Jean Castex a annoncé la création d’une «commission indépendante chargée de proposer une nouvelle écriture» de l’article 24.

Mais des parlementaires criant à l’ingérence, ses services ont précisé vendredi que la commission se bornerait à formuler des «propositions» pour «concilier le respect absolu du droit à l’information et la protection des forces de sécurité, indispensables dans une société démocratique».

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