Serbie

Aleksandar Vucic revendique la victoire à la présidentielle serbe

Le chef de l’Etat serbe sortant Aleksandar Vucic a revendiqué dimanche une victoire écrasante à la présidentielle, prolongeant une décennie d’emprise sur le pays des Balkans où il s’est dépeint en garant de la stabilité à l’ombre de la guerre en Ukraine.

« Il n’y a eu du suspense à aucun moment », a-t-il lancé dans son discours de victoire, en se félicitant d’avoir remporté un second mandat de cinq ans dès le premier tour avec 60% des voix environ.

« Je suis heureux qu’un grand nombre de gens aient voté et démontré la nature démocratique de la société serbe », a poursuivi celui qui fut successivement Premier ministre adjoint et Premier ministre avant d’accéder à la présidence.

Les électeurs étaient appelés à désigner leur chef de l’Etat, leurs 250 députés ainsi que plusieurs conseils municipaux, dont celui de Belgrade, la capitale.

Aleksandar Vucic a déclaré que son Parti serbe du progrès (SNS, centre-droit) avait remporté près de 44% des voix aux législatives. « Nous avons avec le Parti hongrois plus que sufisamment de voix pour former une majorité », a-t-il ajouté.

La domination de la coalition au pouvoir devrait cependant être moins hégémonique que dans le parlement sortant.

Les résultats officiels ne devraient pas être publiés avant lundi soir par la commission électorale.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie fin février avait changé le cours de la campagne qui aurait dû se concentrer sur l’environnement, la corruption et les droits dans ce pays des Balkans candidat à l’Union européenne.

Incidents, selon des ONG
Mais Aleksandar Vucic, habitué à jouer des influences rivales de l’Est et l’Ouest, s’est emparé de la guerre à son avantage. Dans un pays subissant comme ailleurs la pandémie du coronavirus, il se présente comme le seul capable de barrer le navire par temps d’orage. Il a fait campagne sous le slogan « Paix. Stabilité. Vucic ».

« L’influence de la crise ukrainienne sur les élections a été énorme », a commenté le président.

Des ONG ont fait état d’incidents et de violences, tandis que des opposants dénonçaient des tentatives d’intimidation des électeurs par le SNS dans les bureaux de vote.

Pavle Grbovic, leader d’un parti d’opposition de centre-gauche, a affirmé avoir été attaqué par des militants du SNS en tentant de filmer des fraudes à Belgrade.

Aleksandar Vucic a démenti toute irrégularité.

Il y a seulement quelques mois, l’opposition semblait avoir réussi une percée dans le pays de moins de sept millions d’habitants.

En janvier, Aleksandar Vucic a annulé un projet controversé de mine de lithium qui avait mobilisé des dizaines de milliers de manifestants, un revirement rarement vu durant sa décennie aux commandes.

Ligne de crête ukrainienne
Des Serbes du Kosovo, l’ancienne province méridionale jamais reconnue par Belgrade, sont montés à bord de 40 autocars pour participer aux élections en Serbie voisine, Pristina ayant refusé d’organiser les opérations électorales sur son sol.

Le principal rival d’Aleksandar Vucic, le général à la retraite Zdravko Ponos, avait déclaré plus tôt espérer un « changement sérieux » en Serbie.

« Je crois en un avenir radieux, et les élections sont le bon moyen pour changer la situation », a-t-il lancé.

Le gouvernement a manoeuvré avec précaution pour gérer la crise en Ukraine en condamnant officiellement la Russie à l’ONU tout en s’abstenant de toute sanction contre Moscou, alors que de nombreux Serbes soutiennent la guerre du Kremlin.

Certains partis d’opposition partagent ces vues prorusses. Les autres n’osaient pas se prononcer de peur de déplaire aux électeurs pro-Moscou.

Aleksandar Vucic partait au scrutin armé d’autres avantages. Durant son long règne, il a resserré son emprise sur tous les niveaux du pouvoir, y compris un contrôle de facto des institutions et de la quasi-totalité des médias. Il bénéficie d’une vaste base électorale constituée de fonctionnaires et de leurs proches, selon les analystes.

Dans les mois précédant la campagne, le président a également distribué des aides financières, faisant dire à ses critiques qu’il cherchait à « acheter » des voix.

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