S’il est moins développé en Afrique que sur les autres continents, l’accès au numérique tend à se généraliser assure, dans un livre, Jean-Michel Huet

Moins de la moitié des habitants du continent africain a accès à l’Internet mobile en haut débit. A la lumière de ce défi majeur, Jean-Michel Huet, conseiller au sein du cabinet BearingPoint et auteur du livre « Afrique 4.0 : la révolution digitale », passe en revue les transformations numériques de ces vingt dernières années en Afrique, à la faveur du déploiement d’antenne-relais et de l’installation de câbles sous-marins permettant l’accès à Internet.

Cet état des lieux, fondé sur un travail dense de recherche mené avec une vingtaine de co-auteurs, s’articule autour de quatre axes clés : les technologies comme le Big Data ou la blockchain, qui rendent possible la transition vers le numérique ; les « facilitateurs »– essentiellement des grandes entreprises – qui investissent dans ce développement ; la manière dont les usagers accueillent et s’approprient ces technologies ; et enfin les effets que cette généralisation du numérique produit sur la société, notamment en matière de croissance économique ou d’accès aux soins de santé. Chaque innovation est illustrée par la présentation d’un projet expérimenté directement sur le terrain et l’analyse de ses résultats.

Indissociablement lié aux problématiques d’inégalités et d’inclusion, l’accès au numérique entre en résonance avec d’autres vecteurs d’inégalités déjà observables sur le territoire. C’est notamment l’inéquitable implantation des structures d’enseignement, combinée à un manque d’équipements et de personnel enseignant, qui renforcent la nécessité de développer l’e-learning et les outils de formation à distance.

Identification biométrique « Le marché mondial de l’identification biométrique est estimé à 25 milliards de dollars en 2021, un chiffre qui a plus de doublé depuis 2015. En Afrique, le seul marché des papiers d’identité biométriques et numériques est estimé à 1,4 milliard d’euros par le cabinet spécialisé Acuity Market Intelligence. En effet, selon une estimation de la Banque mondiale, le continent compte à lui seul la moitié du 1,1 milliard de personnes dans le monde dans l’incapacité de prouver leur identité.»

Alphabétisation: « L’alphabétisation numérique fait désormais partie des compétences de base nécessaires sur le marché du travail africain. […] Ces compétences sont si cruciales qu’on parle aujourd’hui d’“habileté
numérique” voire d’“alphabétisation numérique” (digital literacy) pour désigner la capacité à utiliser divers outils digitaux. Son antonyme, le terme “illectronisme”, pourrait, dans les années à venir, constituer une
menace similaire à celle de l’analphabétisme il y a quelques années. »

Numérique : “Afrique 4.0. La révolution digitale” est un ouvrage dense et instructif sur les opportunités qu’offre le numérique dans divers secteurs. Nous en parlerons avec un des co-auteurs, Jean-Michel Huet (@huetjm), associé au sein du cabinet BearingPoint. pic.twitter.com/K3u8soggua

— Le journal Afrique TV5MONDE (@JTAtv5monde) August 30, 2024

Santé « Au Burkina Faso, le taux de pénétration mobile atteint aujourd’hui 88 %. […] Pour lutter contre la mortalité infantile et la malnutrition, le service AlloLaafia [a été créé afin de donner] aux familles la possibilité de s’abonner à des envois de SMS ou de messages vocaux offrant des conseils personnalisés sur des bonnes pratiques nutritionnelles, le suivi de la grossesse et de la croissance des nouveaux-nés etc. Près de 37.000 personnes sont abonnées, dont 41 % d’hommes. Le coût d’une campagne complète s’élève à seulement 1,50 euros pour la diffusion de 217 messages sur 24 mois. D’après l’ONG Gret, près de 72 % des abonnés déclarent avoir appliqué les conseils reçus. »

Le livre de Jean Michel HUET, Afrique 4.0 fait 424 pages, il est disponible au prix de 25 euros pour la version papier et 19,99 euros pour la version numérique a la FNAC

Sarah Yasmine Ziani