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Adoré ou détesté, Emmanuel Macron, le président aux multiples facettes

Emmanuel Macron n’est plus le jeune inconnu au parcours hors du commun qui a conquis l’Elysée « par effraction » en 2017. Son visage s’est creusé, marqué par des crises sans précédent.

Et pourtant, le personnage, adaptable, « plastique », continue à intriguer, séduire ou crisper, sans que les Français ne parviennent à cerner sa personnalité aux multiples facettes.

Même en démarrant un second mandat, à 44 ans, il reste de loin le plus jeune président de la Ve République. Cet ambitieux, né à Amiens avant de partir à la conquête de Paris, a réalisé ses impossibles défis.

Tantôt chaleureux et tantôt cassant, cet énarque, qui fut inspecteur des finances, banquier d’affaires chez Rothschild et ministre de l’Economie de François Hollande, a révélé une force de travail impressionnante, le courage de se plonger au milieu de foules parfois hostiles et une capacité à affronter les grandes tempêtes.

Les Français ont également découvert des entêtements surprenants, comme lorsqu’il refuse de licencier son homme de confiance Alexandre Benalla.

Capable aussi de coups de poker, décidés seul. Comme ses interminables « grands débats » après les émeutes des gilets jaunes. Ou lorsque ce fils de médecins, disciple du philosophe Paul Ricoeur, refuse un nouveau confinement en janvier 2021, bravant experts et ministres.

« Fascinant »
Prompt aussi aux petites phrases clivantes, sur les chômeurs qui n’auraient qu’à « traverser la rue » ou les réfractaires au vaccin qu’il s’agit d' »emmerder ». Autant de jugements à l’emporte-pièce dont il s’est excusé, sans dissiper la colère.

Contre son adversaire Marine Le Pen, durant le débat de l’entre-deux tours, il a maîtrisé ses attaques, pas ses mimiques. Beaucoup l’ont trouvé arrogant, le défaut qui lui est le plus souvent reproché. Au point de susciter parfois de la haine.

Ses partisans, eux, applaudissent son intelligence et sa parfaite connaissance des dossiers. Comme ensorcelés. « Emmanuel est fascinant. Tout l’est chez lui: son parcours, son intelligence, sa vivacité, sa puissance physique même », dit un jour l’un de ses fidèles, Christophe Castaner.

Charmant les anciens, pressé de convaincre, il peut passer des heures à réconforter des enfants, des vieillards ou des victimes de la vie.

Et voudrait surtout démentir cette étiquette de « président des riches » qui, dit-il, « fait du mal ».

Mais il reste en décalage avec les Français, par ses succès de premier de la classe, son vocabulaire châtié, son assurance. Branché, accro aux messageries, il a aussi des références datées, la nostalgie d’une France d’autrefois.

« J’ai grandi dans les souvenirs de ma grand-mère. Je suis comme désynchronisé », avoue-t-il.

Même sa vie privée, ce couple fusionnel qu’il forme avec son épouse Brigitte, de 24 ans son aînée, continue d’étonner et de déchaîner des médisances. Conquérir à 16 ans celle qui était alors sa professeure de théâtre fut son premier défi, celui qui l’a fait croire que tout était possible.

« Il nous disait que c’était impossible, nous l’avons fait », lance-t-il souvent en meeting.

« Sans boussole »
Mais les Français restent déroutés par son « en même temps », mélange d’ingrédients libéraux, comme la suppression de l’ISF (impôt de solidarité sur la fortune, NDLR), et de flots d’aides sociales, après les « Gilets jaunes » ou l’épidémie de Covid. Lui revendique une action équilibrée.

« C’est un voyageur sans boussole » et sans « aucune amarre », estime François Hollande, qui a cultivé un lien quasi filial avec son ex-secrétaire général adjoint à l’Elysée avant de se sentir « trahi » à jamais lorsque le fondateur d’En Marche! s’est émancipé.

Le malaise a resurgi avec son programme de campagne, perçu comme à droite avec la retraite à 65 ans et le RSA (Revenu de solidarité active, NDLR) conditionné. Mais il promet aussi des mesures sociales, comme le versement automatique des aides.

Ce spectre large attire tous les profils, tous les ralliements. « Beaucoup de ceux qui l’accompagnent projettent leurs fantasmes politiques, plaquent leur propre logiciel sur lui », observe Philippe Grangeon, son ex-conseiller spécial, dans le livre « Président cambrioleur ».

En prônant le dépassement du clivage gauche-droite, Emmanuel Macron a contribué à l’effondrement des partis traditionnels. Certains lui reprochent la montée des extrêmes.

Changé ?
Marine Le Pen elle-même fait cette analyse. « J’ai théorisé la fin du clivage droite/gauche et impulsé un nouveau clivage mondialistes/nationaux. Emmanuel Macron, sentant ce changement avec un certain flair politique, est passé par la porte que nous avons ouverte », s’enorgueillit-elle dans le livre « Macron-Le Pen, Le Tango des fossoyeurs ».

Et la candidate RN d’ajouter: « Il a une plasticité, une incroyable confiance en lui qui est en même temps sa force et sa faiblesse ».

S’il garde intact son credo des réformes pragmatiques et de la réussite individuelle par le travail, il promet d’avancer moins brusquement. « J’étais sabre au clair », a-t-il admis l’an dernier. « On a pu croire que je voulais réformer contre les gens. Il faut les embarquer. »

« Quelque chose a bougé chez lui. Il a plus de gravité. Il fait attention. Et il a mal d’avoir fait mal », assure l’un de ses proches.

Son entourage n’est plus le même. Exit les « Mormons », cette bande de trentenaires technos qui formaient sa garde rapprochée en 2017 -Ismael Emelien, Benjamin Griveaux, Sibeth Ndiaye…

Seuls sont restés ses deux piliers: Brigitte et son bras droit, l’indispensable Alexis Kohler.

Lors de la crise sanitaire et encore pendant la campagne, il a dit qu’il voulait se « réinventer ». Il a gagné cinq ans de plus pour le démontrer.

Dakarecho avec © AFP

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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