Le second tour des régionales a confirmé dimanche une abstention massive et la prime donnée par les électeurs aux sortants LR et PS, mais marque aussi l’échec du RN à emporter une région, y compris Paca, sa meilleure chance à dix mois de la présidentielle.
Malgré les appels au vote répétés de la classe politique, deux électeurs sur trois ont encore boudé les urnes pour une abstention record, autour de 66%, un chiffre quasi identique au premier tour.
« Il y a un climat d’opinion défavorable qui est très installé et qui ne pouvait pas être modifié en une semaine », a estimé Pierre Lefébure, politiste de l’Université Sorbonne-Paris Nord, auprès de l’AFP.
Hors abstention, le scrutin a été marqué par une prime aux sortants parfaitement respectée puisque tous les présidents de régions, à gauche comme à droite, ont été réélus en métropole. Le parti présidentiel LREM boit, lui, la tasse et le RN de Marine Le Pen échoue cette fois encore à remporter la première région de son histoire.
Si les sondages prédisaient avant le premier tour du 20 juin une victoire au RN en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, le candidat Thierry Mariani (ex-LR devenu RN) voit la victoire filer à Renaud Muselier (LR).
M. Muselier, qui a notamment bénéficié du retrait du candidat de gauche pour faire barrage au RN, engrange autour de 57% des suffrages contre 43% pour M. Mariani.
Une vraie déception pour le RN qui espérait briser le plafond de verre lors de ce scrutin et enclencher une dynamique en vue de la présidentielle. Sa cheffe Marine Le Pen, a cependant donné « rendez-vous aux Français, dès demain, pour construire tous ensemble l’alternance dont la France a besoin ».
Statu quo
La prime aux sortants profite à plein à la droite classique, qui retrouve de l’élan en vue de 2022 alors qu’elle semblait prise en étau entre le RN et LREM.
Candidat proclamé à la présidentielle, l’ex-LR Xavier Bertrand a largement remporté son pari dans les Hauts-de-France: avec entre 52,37% des voix, il devance de près de 27 points son adversaire du RN Sébastien Chenu. Immédiatement après 20H, le sortant s’est dit prêt à aller à « la rencontre de tous les Français ».
Autre prétendant possible à droite pour 2022, Laurent Wauquiez l’emporte haut la main en Auvergne-Rhône-Alpes, avec 57,17% face à la liste d’union de la gauche.
Et en Ile-de-France, Valérie Pécresse (ex-LR, Libres !), récolte autour de 45% des voix là encore face à une gauche unie emmenée par l’écologiste Julien Bayou. Mme Pécresse passait elle aussi son test grandeur nature sur la route de 2022, se disant prête à « prendre toute sa part » à « une équipe de France de la droite et du centre qui a émergé ».
Autre motif de satisfaction à droite, les victoires de Jean Rottner dans le Grand Est, de Hervé Morin en Normandie et de Christelle Morançais en Pays de la Loire, loin devant l’espoir écologiste Matthieu Orphelin.
Dans la lignée du premier tour, la gauche sort aussi requinquée de ce scrutin et maintient ainsi son ancrage local. De quoi faire dire au numéro un du PS Olivier Faure que son parti avait la « responsabilité de rassembler l’ensemble de la gauche et des écologistes » pour 2022.
Alain Rousset (PS), président de région depuis 1998, a décroché un cinquième mandat en Nouvelle-Aquitaine, sans s’allier avec EELV.
En Occitanie, la socialiste Carole Delga a également été très confortablement reconduite par les électeurs, tout comme François Bonneau en Centre-Val de Loire, et Marie-Guite Dufay en Bourgogne-Franche-Comté, au terme d’une campagne qui s’annonçait pourtant difficile.
En Bretagne, région emblématique pour la majorité qui y avait obtenu parmi ses meilleurs scores à la présidentielle, le président socialiste sortant Loïg Chesnais-Girard vire en tête. Mais, après avoir fait cavalier seul en refusant tout accord avec EELV comme LREM, il n’aura qu’une majorité relative.
La gauche peut aussi se targuer de voir une région basculer dans son escarcelle: à La Réunion, Huguette Bello, à la tête d’une liste d’union, a revendiqué sa victoire face au sortant Didier Robert (DVD).
Emmanuel Macron tourne la page
Quant à la majorité présidentielle, absente au premier tour en Paca, éliminée dans les Hauts-de-France, en Auvergne-Rhône-Alpes ou en Occitanie, elle confirme ses faibles étiages là où elle a pu concourir. De quoi faire de ces régionales « un coup de semonce très important pour la majorité », dixit le patron du MoDem François Bayrou, alors qu’un remaniement limité pourrait avoir lieu.
Mais Emmanuel Macron, qui s’est offert un bain de foule dimanche en marge de son vote au Touquet, semble résolu à vite tourner la page de ce scrutin pour se projeter dans la campagne de 2022. Lundi, il occupera ainsi le terrain économique en visitant une usine de batteries électriques à Douai (Nord), notamment en compagnie de… Xavier Bertrand.
Dans l’ombre des régionales, les départementales ont été logiquement marquées par une abstention massive équivalente au premier tour. Là aussi, prime aux sortants, avec un léger avantage à la droite qui renforce encore son implantation.
Les ministres Sébastien Lecornu (Eure), Gérald Darmanin (Nord) et Brigitte Bourguignon (Pas-de-Calais) l’ont emporté largement, tout comme Marine Le Pen dans son canton de Hénin-Beaumont.
Mais le RN a échoué à percer dans les Pyrénées-Orientales, département conservé par la gauche. Événement enfin dans le Val-de-Marne où le Parti communiste a perdu le dernier département qu’il dirigeait encore, et ce depuis 1976, au profit de la droite.
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