Avec la disparition de Diaraf Abdoul Majib Ndaw, le Sénégal vient de perdre un de ses illustres fils. Spécialiste en planification, il a joué un rôle important dans la planification et l’industrialisation du Sénégal.
Abdoul Magib Ndaw nous a quittés, hier, des suites d’une longue maladie. Préoccupé par la disparition de pratiquement tous les fleurons industriels du Sénégal, il avait produit un document à main levée intitulé: «L’industrialisation du Sénégal que nous voulons».
Il s’agissait, en fait, d’un document d’une cinquantaine de feuillets qui traitait de l’industrialisation de la période de la traite en passant par les différentes époques qui ont traversé notre jeune nation jusqu’au régime du Président Macky Sall. C’est à cette époque que j’ai connu Grand Père Majib. Plus précisément le 17 décembre 2022. Frappé par l’âge et «analphabète» en matière numérique comme il se plaisait à me le dire, il s’agissait au départ de lui servir d’assistant dans la saisie de son manuscrit.
Avec ses liens avec la famille Niass de Mame Khalifa Niass, il avait saisi, à cet effet le Pdg de Walfadjri Cheikh Niass. Ce dernier en fit part à notre Directeur de Publication Seyni Diop. Le reste se fera tout seul. Il m’avait ainsi pris sous son aile. J’étais considéré comme un membre de la famille à côté de son assistant Mouhamet qui était toujours à son chevet. Il était ouvert d’esprit. Par-dessus tout, il était un éducateur. J’en ai profité pour bénéficier de ses conseils avisés, de sa connaissance monumentale de l’histoire du Sénégal, de son riche vocabulaire…
Avec lui, j’ai beaucoup appris. C’est comme ça que j’ai connu et commencé à fréquenter Grand Père Majib. Avec notre patronyme commun, il m’adopta et régnait entre nous une relation de confiance, de respect, de compréhension mutuelle, de générosité … . Ce qui se matérialisera d’abord par la publication de la sa contribution «L’ industrialisation du Sénégal que nous voulons» et ensuite la transformation de ce document en ouvrage.
Au cœur du processus de transformation du notre jeune Nation
Fils d’un des fondateurs de l’ancêtre du Parti socialiste, Bds, grand-père Majib a assisté à l’éclosion de notre jeune nation. Comme les gens de sa génération, il a fait ses humanités au lycée Faidherbe de Saint-Louis avant de s’envoler pour la France puis en Russie où il obtient son diplôme à l’université d’Etat Lomonossov. Il fait partie de la deuxième génération d’intellectuels formés à l’étranger au même titre que Habib Thiam, Abdou Diouf, Alioune Diagne Coumba Aïta …
A son retour au Sénégal, il intègre le ministère du Plan et de l’Industrie. Ce qui faisait qu’il était au cœur du processus de transformation de notre jeune Nation avec de brillants intellectuels à l’image de ses frères Babacar Bâ (ancien ministre de l’Economie), Amadou Clédor Sall (ancien ministre)… Il maîtrisait son domaine et faisait partie des acteurs clefs du ministère du Plan et de l’Industrie et de la Primature de l’époque pilotée, comme il aimait à me le dire, par son ami d’enfance Abdou Diouf. Il a également eu à conseiller le secrétaire d’Etat au Plan Adama Diallo, père du député Mamadou Lamine Diallo.
Il fut un acteur incontournable du tissu industriel du Sénégal pour avoir joué un rôle de premier plan dans l’érection d’usines. On peut citer la Compagnie sucrière sénégalaise de Mimran. Dans son ouvrage à paraître, il y développe les péripéties qui ont marquées la création de ce fleuron qu’est la Css. Ce qui fait qu’il entretenait des relations privilégiées avec Jacques Mimran, père de Jean Claude Mimran. Jusqu’à sa démission du service public pour prendre la direction de la BIAO, grand Père Majid, de par son tact et sa finesse, a eu à révolutionner le tissu industriel du Sénégal.
C’est pour cela qu’il tenait coûte que coûte à coucher sa vision sur la planification de l’industrie pour les générations futures et pour ces nouvelles autorités qu’il supportait par-dessus tout. Il y est parvenu parce qu’il est pratiquement arrivé au bouclage de l’ouvrage malgré la vieillesse et la maladie. Sur son lit d’hôpital, il continuait à travailler. A la clinique Cardio de Mermoz, à celle de Pasteur comme dans sa chambre du Pavillon Gorée de l’hôpital Principal où il était hospitalisé, il continuait à me dicter sa vision de l’industrialisation.
Notre dernière entrevue, c’est le mercredi 19 juin dernier où il me dicta quelques rajouts avant de me mettre en rapport avec son neveu Habib N’daw, professeur de philosophie à la retraite, pour les corrections. Il avait un respect immense et une dévotion profonde pour son grand frère Amadou Makhtar Mbow et son petit frère l’ancien ministre Cheikh Tidiane Sy qu’il chérissait par devers tout.
A ses enfants Grand Vieux, Farma, Yoyo, Ziza, Ndeye Ami, ses petits-enfants Majid, Mama Mbossé, Ndeye Ami, Majid Dieng, ses neveux l’ancien Dgid Assane Dianko et son frère le magistrat Dianko, l’international Cheikh Seck… recevez nos condoléances attristées. Nous espérons seulement que l’ouvrage
«L’industrialisation planifiée et la voie du développement au Sénégal» qui lui tenait tant puisse servir de bréviaire aux tenants du régime actuel et sortir le Sénégal de l’ornière de son sous-développement chronique.
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