Abdelmadjid Tebboune a promis de rehausser salaires et retraites, de réaliser des investissements, de créer deux millions de logements neufs et 450 000 emplois nouveaux.
Au terme d’un scrutin présidentiel sans surprise en Algérie, le président sortant Abdelmadjid Tebboune a été réélu pour un deuxième mandat avec 94,65 % des voix, a annoncé dimanche le président de l’autorité électorale (Anie), Mohamed Charfi.
Sur un total de 5,630 millions de « votes enregistrés, 5,320 millions ont voté pour le candidat indépendant » Tebboune, « soit 94,65 % des voix », a-t-il déclaré.
Le président de l’Anie n’a pas fourni de nouveaux chiffres sur le taux de participation, après avoir annoncé dans la nuit « un taux moyen de 48 % à la fermeture des bureaux » samedi à 20 heures, heure locale.
Des « violations » durant le scrutin dénoncées
« L’élection a été marquée par une large transparence » et a « reflété la maturité électorale du peuple », s’est félicité le président de l’Anie.
Quelques heures plus tôt pourtant, l’un des concurrents de Abdelmadjid Tebboune, le candidat islamiste modéré Abdelaali Hassani, avait dénoncé « des violations » durant le scrutin. Selon son équipe de campagne, il y aurait eu « des pressions sur certains responsables de bureaux de vote pour gonfler les résultats », notamment le taux de participation.
La même équipe a qualifié de « terme bizarre » le « taux moyen de participation » annoncé par l’Anie, faisant la moyenne des relevés des différentes régions. Le taux de participation correspond habituellement au nombre d’électeurs divisé par le nombre d’inscrits.
Plus de 24 millions d’électeurs, sur 45 millions d’habitants, étaient appelés aux urnes. Les bus publics, le métro et le tramway étaient gratuits afin de faciliter les déplacements.
Face au président sortant, deux candidats peu connus se présentaient : Abdelaali Hassani, un ingénieur des travaux publics de 57 ans, chef du Mouvement de la société pour la paix (MSP), le principal parti islamiste, et Youcef Aouchiche, 41 ans, ancien journaliste et sénateur, à la tête du Front des forces socialistes (FFS), plus vieux parti d’opposition, ancré en Kabylie (est).
L’enjeu de la participation
La participation était le véritable enjeu du vote, Abdelmadjid Tebboune voulant être réélu comme « un président normal, pas un président mal élu » comme il y a cinq ans, selon Hasni Abidi, analyste et directeur du Centre d’études Cermam à Genève.
En décembre 2019, l’abstention avait battu des records (60 %) lors du scrutin remporté par Abdelmadjid Tebboune avec 58 % des suffrages. Le vote s’était tenu en plein Hirak, mouvement pro démocratie réclamant un changement du système en vigueur depuis l’indépendance de la France en 1962, et de nombreux partis avaient appelé au boycott.
Faire de l’Algérie, « la deuxième économie en Afrique »
Aidé par la manne du gaz naturel, Abdelmadjid Tebboune a promis de rehausser salaires et retraites, des investissements, deux millions de logements neufs et 450 000 emplois nouveaux, pour faire de l’Algérie, « la deuxième économie en Afrique », derrière l’Afrique du Sud.
En clôture de campagne mardi, celui que les réseaux sociaux surnomment affectueusement « aammi Tebboune » (Tonton Tebboune) s’est engagé à redonner aux jeunes, plus de la moitié des 45 millions d’habitants et un tiers des électeurs, la « place qui leur sied ».
Abdelmadjid Tebboune affirme que son premier quinquennat a été entravé par le Covid-19 et la corruption de son prédécesseur, dont il fut pourtant ministre. Sa réélection est d’autant moins une surprise que quatre formations politiques de premier plan soutenaient sa candidature, notamment le Front de libération nationale (ex-parti unique).
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