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À quoi ressemblera le monde en 2040 ? Le renseignement américain dévoile ses prédictions

Tous les quatre ans, après chaque élection présidentielle, le Conseil national du renseignement des États-Unis publie un rapport exhaustif sur le « monde d’après ». Un document qui anticipe les vingt prochaines années. Et ces prédictions officielles ne sont pas toujours réjouissantes…

À chaque nouvelle élection présidentielle américaine, les renseignements américains publient un rapport sur le « monde d’après ». Un document transmis à Joe Biden et rendu public la semaine dernière. Cette 7e édition se penche sur les vingt prochaines années. Et tout n’est pas réjouissant. Décryptage.

« Des problèmes énormes »
Ce rapport est rédigé par le NIC (National Intelligence Council), le Conseil national du renseignement américain, dont la principale fonction est d’émettre les documents destinés au gouvernement. Il s’agit d’évaluations officielles du DNI (Director of National Intelligence), le directeur du Renseignement national, sur des thématiques bien particulières, mais le plus souvent relevant de la sécurité intérieure.

Quel rôle ce rapport peut-il jouer ? Piotr Smolar, journaliste au Monde et auteur de la préface de la version française (Le monde en 2040 vu par la CIA), confiait sur FranceInfo que ce dossier est avant tout un moyen « d’alerter le nouveau président » américain : « Vous allez être confronté dans l’immédiat à des problèmes énormes, des problèmes de diplomatie, des problèmes de santé, des problèmes économiques, mais levez le nez, levez la tête, regardez l’horizon. »

Cinq grands thèmes
Mais alors, que contient ce rapport ? Il est divisé en cinq grands thèmes : les enjeux mondiaux, la fragmentation, le déséquilibre, la contestation et l’adaptation. En y regardant de plus près, on y apprend que les enjeux mondiaux se rapportent au changement climatique, les maladies, les crises financières et les problématiques technologiques.

La fragmentation correspond à la division entre les peuples ; le déséquilibre au mécontentement des populations envers ce que réalisent leurs gouvernements (encore plus avec la crise sanitaire) ; la contestation à la compétition, aux tensions qui émergent de plus en plus entre gouvernements.

Enfin, l’adaptation à tous ces changements qu’il va falloir réaliser pour s’adapter au monde de demain (hausse des températures, vieillissement de la population dans certaines contrées, développement de l’intelligence artificielle, etc.).

« Une gifle »
Le magazine français Neon a souhaité en savoir plus et a épluché toutes les pages du rapport. On y apprend notamment que le coût des maladies mentales à travers le monde, lors des vingt prochaines années, est évalué à 16 000 milliards de dollars (13 000 milliards d’euros). Un chiffre vertigineux qui mérite quelques explications.

Le journaliste Piotr Smolar, toujours sur FranceInfo, avançait des pistes : « Ce chiffre est une gifle. Il y a d’abord, dans un premier temps, les conséquences de l’épidémie actuelle qu’il ne faut pas du tout minorer, c’est-à-dire qu’on est encore dans une phase active de la crise et on ne mesure pas toutes les conséquences sismiques de cette épidémie. »

Sauf que la crise n’explique pas tout : « C’est évident qu’il va y avoir une sorte de nouvelle révolution industrielle qui va laisser beaucoup de monde sur le carreau. » On parle ici du remplacement de l’homme par des robots. Et cela ne sera pas sans conséquence sur notre santé mentale.

La santé de la planète
La santé de la planète inquiète également. Le rapport explique que « les effets du changement climatique et de la dégradation environnementale vont probablement exacerber l’insécurité des ressources alimentaires et d’eau des pays pauvres, augmenter les migrations, accélérer les défis sanitaires et contribuer à des pertes dans la biodiversité ».

Autre enseignement, les nouvelles technologies vont continuer de prendre de plus en plus de place dans notre quotidien. Et parfois à notre détriment. L’instance américaine s’inquiète notamment de la manipulation de masse comme le détaille le rapport : « Il est probable que des pays, dont la Chine et la Russie, vont utiliser des innovations technologiques pour rendre leurs campagnes d’informations plus agiles, difficiles à détecter, et plus dures à combattre, alors qu’ils essayent de gagner plus de contrôle sur les médias et les moyens de transmission et diffusion. »

Une catastrophe à venir ?
Enfin, la plus grande partie du rapport est consacrée à ce que sera le monde en 2040. Les renseignements américains envisagent cinq scénarios, chacun avec un titre.

« Un monde à la dérive » basé sur les tendances actuelles ; « silos séparés » pour décrire un monde découpé en sphère d’influence ; « coexistence compétitive » qui explique la coopération sans conflit majeur ; « tragédie et mobilisation » qui imagine un partenariat sino-européen, le multilatéralisme et le développement à la suite d’une grave catastrophe alimentaire mondiale ; et « renaissance des démocraties » qui fait référence à la restauration d’un ordre libéral.

Quel crédit accordé à ce rapport ? « C’est un effort de prospective et de transparence de la part des renseignements américains, rappelait Piotr Smolar sur l’antenne de Radio France. C’est un document extrêmement dense et assez passionnant. On assiste vraiment à une sorte d’accélération du temps, à une compression du temps avec des progrès technologiques foudroyants, mais aussi des nuages noirs qui s’accumulent au-dessus de nos têtes. »

Le président américain Joe Biden a toutes les cartes en main pour faire en sorte que le pire ne se produise pas. En 2009, ce même rapport prévoyait le départ d’une pandémie d’Extrême-Orient d’ici 2025. Sauf que son prédécesseur n’avait pas vu le coup venir…

Le rapport complet: https://www.dni.gov/files/ODNI/documents/assessments/GlobalTrends_2040.pdf

Par Olivier DUPLESSIX

Digital Manager - Chef de projet chez Alixcom Dakar | E-mail: saliou@dakar-echo.com | +221 77 962 92 15

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