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A quatre mois des législatives: Serait-il risqué pour Macky sall de composer un nouveau gouvernement ?

Depuis bientôt 3 mois, le Sénégal est dans l’attente de la nomination de son Premier ministre. Ce, suite à la restauration dudit poste. Mais, le président de la République ne semble pas en être préoccupé malgré le vote en procédure d’urgence pour restaurer ce poste qui avait disparu au lendemain de la présidentielle de 2019. Serait-il risqué pour Macky de composer un nouveau gouvernement avant les législatives qui doivent se tenir, exactement dans 4 mois et 22 jours ? Le professeur Moussa Diaw donne son avis…

La loi votée le 10 décembre 2021 en séance plénière à l’Assemblée nationale par une écrasante majorité des députés et promulguée, beaucoup d’observateurs s’attendaient à la nomination du énième Premier ministre de Macky Sall dans les 15 jours qui ont suivi.

Hélas, le président de la République avait décidé de décaler juste après les élections Locales du 23 janvier 2022. Plus de 40 jours après, c’est le statu quo par rapport à la nomination de celui qui sera le prochain « patron » de la Primature.

L’enseignant chercheur en sciences politiques, Moussa Diaw, a d’emblée tenu à rappeler que le président de la République avait décidé de restaurer le poste de Premier ministre et de nommer une personnalité quand il sera désigné à la tête de l’Union Africaine (UA). Le pré- texte, qui avait été, selon lui, avancé reposait sur un agenda chargé par les affaires africaines qui « l’occuperont de manière à ne pas avoir suffisamment de temps pour traiter les dossiers internes.

Cette déclaration et l’injonction donnée aux membres du gouvernement, de préparer les dossiers pour un éventuel changement, n’ont pas été suivies de décisions attendues dans l’option d’une nouvelle monture gouvernementale. » Par la suite, plusieurs événements marquants sont, souligne le professeur Moussa Diaw, venus bousculer l’agenda présidentiel. «

Il s’agit, entre autres, de la fête des « Lions » qui ont remporté la coupe continentale et l’inauguration, à grande pompe, du stade dénommé « Abdoulaye Wade ». Depuis, les choses piétinent et le gouvernement se réunit comme d’habitude en attendant que le président se décide sur cette question.

Il est vrai qu’il est maitre du jeu et prend son temps pour une évaluation de la situation son temps pour une évaluation de la situation politique et sociale dans un contexte de mouvements sociaux divers (éducation, santé) », soutient le professeur Moussa Diaw. Qui se demande s’il était opportun d’annoncer le retour d’un poste de Premier ministre au moment où l’action portait sur l’évaluation des élections locales pour en tirer des leçons afin d’initier des réajustements politiques nécessaires ?

Ceci est, pour l’enseignant chercheur en sciences politiques, d’autant plus important que des membres du gouvernement, pas les moindres, ont perdu dans les communes où ils étaient investis. Au lendemain des résultats, les ministres concernés étaient, souligne-t-il, sous l’effet d’un traumatisme politique « qui empêchait certains d’apparaître au grand public, au regard des sommes colossales qui ont été dépensées sans compter avec, au bout du compte, des résultats décevants pour lesquels ils ne parviennent pas d’ailleurs à donner une explication convaincante. »

Les risques de composer un nouveau gouvernement avant les législatives…
L’épée de Damoclès d’un éventuel changement de gouvernement est venue alourdir l’atmosphère portant des angoisses liées à des départs, « signifiant la fin de privilèges et de notoriété accordés aux fonctions de ministre. »

Cela dit, qu’est-ce qui peut, s’interroge Monsieur Diaw, motiver un changement d’équipe gouvernementale dans un tel contexte ? A son avis, le Président était trop pressé de faire une annonce sans une analyse approfondie des élections locales qui ont montré une percée notoire de l’opposition dans les grandes villes comme Dakar, Thiès, Diourbel, etc.

Le professeur Moussa Diaw de s’expliquer en ces termes : « La majorité s’est contentée d’une lecture arithmétique des résultats plutôt que de procéder à une étude objective de la sociologie électorale locale qui aurait permis une approche lucide de ces consultations qui ne ressemblent pas aux précédentes en raison des enjeux, de leur contexte et des événements récents qui ont marqué la vie politique.

De même, les choix politiques au moment des investitures exigent de se départir de la logique de sanctions contre les perdants dont les effets pourraient être irréversibles parce que les rapports de forces ont été considérablement modifiés dans des départements à fortes concentrations électorales. Dans ce cas, il convient de resserrer les liens plutôt que de chercher des bouc-émissaires d’un scrutin peu favorable, dans son ensemble, à la majorité sans verser dans la surestimation. »

Il s’agit, entre autres, de la fête des « Lions » qui ont remporté la coupe continentale et l’inauguration, à grande pompe, du stade dénommé « Abdoulaye Wade ». Depuis, les choses piétinent et le gouvernement se réunit comme d’habitude en attendant que le président se décide sur cette question.

Il serait plus logique de nommer un Premier ministre après les élections legislatives
Poursuivant, le professeur Moussa Diaw souligne que les élections législatives sont fixées au 31 juillet 2022, une période de la saison des pluies, avec des aléas climatiques, « que personne ne maîtrise, susceptibles de perturber l’organisation matérielle du scrutin. »

L’autre point important qu’il a tenu à souligner, c’est le fait de prendre le risque de composer un nouveau gouvernement à quatre mois des législatives « qui pourraient réserver des surprises si elles confirment le poids consistant de l’opposition dans le paysage politique. »

Par conséquent, il serait, selon lui, plus logique de nommer un Premier ministre après les élections législatives pour assurer une cohérence de l’action politique. « Mais, les pratiques n’ont pas vraiment évolué, on agite encore la stratégie de la récupération politique tout en sachant qu’elle est en soi contreproductive car la jurisprudence ou l’expérience du patron de Rewmi (Idrissa Seck) est édifiante.

Dans ce tropisme, on évoque également la retrouvaille de la famille libérale sans trop y croire tout comme s’invite dans le débat la constitution d’un gouvernement élargi à l’opposition « timorée » ou d’union nationale que rien ne justifie actuellement en respectant les principes et règles démocratiques.

Aujourd’hui, le manque de communication sur les annonces présidentielles, les angoisses d’une probable guerre mondiale, boostant les prix des produits de premières nécessités, constituent des défis sur lesquels les citoyens attendent des gouvernants des politiques claires et rassurantes.

Ainsi, Il faut rompre avec la politique politicienne de calculs et de manœuvres pour s’engager dans la voie de la modernisation de l’Etat, de l’amélioration du secteur de la santé, de l’éducation et des institutions pour une gouvernance transparente et vertueuse », conseille en conclusion l’enseignant chercheur en sciences politiques, Moussa Diaw.

Bassirou DIENG

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