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À Pape Alé Niang – Par Amadou Tidiane Wone

Cette question simple et brute se pose à tous les moments de notre existence. Elle jalonne nos vies et oriente nos prises de décisions au quotidien. Notre esprit est constamment sollicité par cette interrogation et les réponses fusent, parfois à notre insu, pour nous amener à poser des actes dans un processus de tri mental permanent. L’être humain est une merveille de la création !

Le cerveau qui reçoit, traite et renvoie les commandes à nos autres sens, est une centrale merveilleuse dont nous n’utilisons les capacités réelles que de manière infinitésimale.

Ah ! Bienheureux les « gens doués d’intelligence » ainsi que les qualifie, en plusieurs versets, le Saint Coran !

Ceci pour dire que la grandeur des nations et l’empreinte qu’elles laissent au fil de l’Histoire est, essentiellement, fonction de la place qu’elles accordent à l’intelligence créatrice. Celle-ci produit et conçoit des outils de progrès et les met à la disposition des habiles pour réaliser des biens ou des services. Car il faut de tout, pour faire un monde ! Il y a une chaîne invisible qui relie ceux qui savent à ceux qui peuvent.

Ils doivent interagir, de manière intelligente et concertée, pour valoriser et fructifier les avoirs de la nation. Ce, en vue de lui assurer prospérité et bien-être : Savoir, pouvoir, avoir. Le triptyque qui élève l’espèce humaine au dessus de toutes les autres si elle sait conjuguer harmonieusement ces différents apports.

Ces pensées énoncées, quelle application doit-on en tirer en ce Sénégal du 21ème siècle, aux prises avec des démons de toutes sortes ? Que sommes-nous devenus ? Qui voulons-nous devenir ? Passé, présent, avenir… Le passé ne nous appartient pas. Ou plus. Ou si peu. Nous courrons derrière le présent qui nous échappe à chaque seconde pour se réfugier vers le passé. De guerre lasse, nous espérons le changer dans un futur proche qui, déjà se passe…est vite dépassé !

Dans ce tourbillon du temps qui se déroule malgré nous, le défi est dans la mise en perspective des trois temps. Le passé nous sert de miroir pour examiner les succès et les erreurs d’avant. Les corriger. La prospective s’empare alors de cette collecte de données pour inventer et façonner le futur, dans le présent, mais surtout au bénéfice des générations à venir…

Pensons aux générations futures !

C’est bien ce qui fait défaut aux politiciens engoncés dans des échéances électorales qui saucissonnent la perspective de leurs actions. Et pourtant, au rang des urgences, il y a la préparation de l’avenir de nos enfants.

Et, à mon sens, décoloniser nos esprits, purifier nos cœurs et inventer notre futur, ici et maintenant sont les défis de l’heure. Pour apporter les réponses à la question :

Que faire ?
Décoloniser nos esprits : Après plus de trois siècles, ou davantage, de rencontres violentes et, sous certains aspects fécondes, avec des civilisations agressives qui nous ont envahi, dominé et asservi, il est devenu complexe de nous définir sans altérer notre perception de nous-mêmes avec des scories tantôt de la Culture française tantôt de la Culture arabe. Et, désormais il faut compter aussi avec tous les résidus des sous-cultures de la mondialisation que disséminent les réseaux dits sociaux…

Et pourtant chaque peuple a une âme. Une identité profonde. Un héritage cosmogonique, culturel et spirituel. C’est le fondement de nos différences, le levain de la richesse de l’Humanité. Le sceau des espèces : la diversité ! Il nous faut donc aller au fond de nous-mêmes pour, au besoin, nous réinventer ! Quel est l’esprit de lois qui nous gouvernent ? Sont-elles conformes à notre commun vouloir de vie commune ? Sont-elles aptes à consolider l’unité nationale ? Mettent-elles, au contraire en péril les fragiles équilibres qui nous rassemblent ? A titre d’exemple, la loi sur le domaine national a-t-elle produit les effets attendus par ses concepteurs ? Le code de la famille ? Etc. etc.

Purifier nos cœurs : au vu des multiples pratiques de sorcellerie et de maraboutage qui peuplent le quotidien des sociétés africaines et particulièrement sénégalaise, il faut admettre que des entreprises de destruction des uns les autres sont monnaie courante. Ces pratiques font partie des contraintes qui plombent toute mise en route d’une ambition collective de développement.

L’esprit malsain de compétition inhibe les plus talentueux qui préfèrent se camoufler, pour ne pas succomber aux « missiles mystiques » de ceux qui ne peuvent paraître qu’après avoir fait Le vide ! La fonction publique est ainsi le théâtre de conflits interpersonnels sanglants. Apparents ou souterrains.

Flagrants ou sournois. Les conflits fonciers et les successions inextricables qui opposent des générations de membres d’une même famille sont légion et hantent les couloirs du Temple de Thémis… (On se demande d’ailleurs comment les juges trouvent du temps pour se mêler de querelles politiciennes quant au fond…) Je ferme la parenthèse !

Inventer le futur : un continent outrageusement riche en ressources naturelles, doté d’une population insolemment jeune doit devenir et s’imposer comme l’avenir du monde. Il doit offrir un futur possible à l’Humanité qui a construit tant de barrières de haine et de divergences fondées sur un mépris culturel dont les fondements sont en ruines. Il faut alors sauver ce qui reste de l’homme ! L’Afrique, Continent Premier en a la responsabilité.

Où mieux qu’au berceau de l’Humanité relancer le cri salvateur ? Où mieux que de la patrie de Cheikh Anta DIOP faire résonner l’appel pour la Rédemption et l’Essor ? Voilà les nouvelles responsabilités à prendre. Ici et maintenant.

Comme le disait si justement Le poète et romancier Hamidou DIA, « Il n’y a pas de destins forclos. Il n’y a que des responsabilités désertées ! »

Notre pays le Sénégal vaut beaucoup mieux que les petites querelles de borne-fontaine qui épuisent nos énergies, nous divisent et profitent aux intrigants et autres malfaiteurs, comploteurs maladroits.

Réveillons ce que ce peuple a de meilleur, relevons la tête et marchons !

Une pensée pour mon jeune frère Pape Allé Niang qui honore le métier de journaliste d’investigation. Un journaliste, comme citoyen, a le libre choix de ses opinions et le droit de les exprimer. De là à l’accuser de tous les péchés d’Israël pour le faire taire, il y a un monde !

Jummah Mubaarack !

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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