L’événement n’avait pas eu lieu en 2020 pour cause de pandémie. Le prix que certains avaient déjà enterré est plus vivant que jamais et le prouve en faisant le choix audacieux de l’auteur du livre « Le fagot de ma mémoire ». Le philosophe sénégalais et enseignant à New York retrouve avec bonheur « son petit camarade » de Normal Sup, président du jury.
Le procès des attentats du 13 novembre 2015 commence, mercredi, à Paris. Le procès du terrorisme qui se pare des atours de l’Islam pour commettre l’innommable et dont » le fracas et la fureur » font plus de » bruit dans les médias » que la voix d’intellectuels comme Souleymane Bachir Diagne.
Ce dimanche 5 septembre, à La Ferté-Vidame, loin » du bruit et de la fureur », Souleymane Bachir Diagne reçoit le prix Saint-Simon 2021, pour son livre « Le fagot de ma mémoire », qui parle d’universalisme et remet le soufisme au cœur de l’Islam.
À cette occasion, devant la ruine majestueuse du château de La Ferté-Vidame, il se souvient des mots que Marc Lambron avait écrits au lendemain des attentats de 2015 évoquant » une musique de l’Islam qui élève vers la quiétude du monde »et concluant « nous sommes tous des soufis syriens ».
Le lauréat du prix Saint-Simon, philosophe, normalien, enseignant-chercheur à l’université de Columbia à New York, a toujours voulu remercier l’académicien pour ses mots. » Je n’imaginais pas pouvoir le faire ici à La Ferté-Vidame.
Quarante ans ont passé depuis que le jeune Sénégalais admis à Normal sup lettres et Marc Lambron, le brillant élève du lycée Henri IV, partagent les mêmes bancs de la rue d’Ulm. Mais, la vie ne les a jamais complètement séparés et le prix Saint-Simon les a réunis, hier.
« Mon petit camarade, ma vieille canaille, mon frère de toujours, bienvenue chez le duc de Saint-Simon », lance Marc Lambron à l’adresse de Souleymane Bachir Diagne, après un court discours plein d’émotion où il souligne que » le philosophe et le duc ont l’universalisme en commun, mais Souleymane Diagne à celui du voyageur, du polyglotte ».
Il rappelle aussi que « le duc était aussi méchant que Souleymane Diagne est bon ».
Même enthousiasme chez Patricia Boyer de Latour, membre du jury du prix Saint-Simon, qui fait la différence » entre ce pseudo vivre ensemble qui a fini par faire flop et le “faire humanité ensemble” de Souleymane Bachir Diagne « qui construit l’avenir ».
Le lauréat ne perd ni son humour ni son humilité pour recevoir ce prix Saint-Simon. Il remercie simplement le jury d’avoir su comprendre que « ce livre est une déclaration d’amour à cette langue que nous partageons ».
Dans le parc, un simple visiteur croise le philosophe et lui adresse quelques mots « Merci pour votre livre, il m’a fait grandir. » Le Fagot de ma mémoire les unit tous, académicien ou simple lecteur.
Valérie Beaudoin avec l’EchoRepublicain
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