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3e vague de COVID au Sénégal: Des médecins accusent les politiques d’avoir répandu le virus

3e vague de COVID au Sénégal: Des médecins accusent les politiques d’avoir répandu le virus

Du simple au centuple, les cas de Covid-19 explosent dans notre pays. En moins d’une semaine, plus de 1000 personnes ont été contaminées. Les médecins imputent la responsabilité de cette augmentation des cas aux politiques, pouvoir comme opposition, qui auraient « perturbé » les données liées aux stratégies de lutte et à la politique préventive.

Le virus du Covid-19 circule activement dans notre pays. Ce n’est plus un secret. Le Sénégal est en plein dans sa troisième vague de contamination avec une vitesse de propagation beaucoup plus rapide que les deux précédentes vagues. Est-ce l’œuvre du variant indien dénommé Delta par l’Organisation mondiale de la Santé (Oms) et qui continue de progresser partout dans le monde ? Dr Thierno Birahim Dièye tente de répondre. D’après lui, ce nouveau variant qui a fait des ravages en Inde est « très contagieux » et « plus virulent que la souche initiale ». Or, la présence de ce terrible variant indien a été signalé dans notre pays en fin juin dernier. Et de- puis lors, les cas ne cessent d’augmenter.

1002 cas en six jours
Du 01 er au 5 juillet, les autorités sanitaires ont eu à recenser plus de 1000 nouvelles contaminations. Plus exactement, il y a eu 1002 cas en six jours seulement. Soit, en moyenne, 167 cas par jour. « Cette nouvelle flambée est à imputer exclusivement aux politiciens, le président de la République Macky Sall et ses alliés en tête. Et c’est malheureux. Ce pays souffre de discipline, d’ordre mais surtout de méthode. Or, rien de bon et de bien ne pourra se faire sans ces vertus.

Pendant ce temps, les pays qui ont payé un lourd tribut au Covid-19 se sont faits violence en se privant de tout pour, aujourd’hui, sortir la tête de l’eau », s’indigne Cheikh Doudou Mbaye. Un autre médecin renchérit, mais sous le couvert de l’anonymat, que « quand les cas diminuent, on laisse les gens faire ce qu’ils veulent.

Alors que la maladie est toujours là. Conséquence, le virus se dissémine jusqu’à arriver à une explosion des cas. Ce qui fait qu’on assiste à un éternel recommencement dans le processus de gestion de la crise sanitaire. Voilà les résultats quand on fait face à des dirigeants qui ne respectent rien ! Il fallait s’attendre à cette troisième vague. Le mal est déjà fait et cette troisième vague de contamination pourrait être la pire depuis le début de la pandémie au Sénégal. Ce ne sont pas seulement les cas positifs qui ont augmenté.

Les cas graves aussi, de même que les décès. C’est d’autant plus préoccupant que la limitation des déplacements est impensable voire impossible. Aucune mesure de restriction ne sera désormais respectée par la population. L’Etat n’a pas su donner le bon exemple. Il a probablement contribué à la propagation de la maladie. Ce qui plombe nos efforts concernant surtout l’acceptation du vaccin. Les tournées et meetings des hommes politiques non seulement favorisent la transmission du virus mais encore encouragent aussi la réticence face au vaccin ».

BBY, M23 et M2D auraient activé le feu viral…
Un nouveau rebond des cas qui inquiète les spécialistes de la santé qui imputent la responsabilité de cette dissémination aux hommes politiques, du pouvoir comme de l’opposition, avec leurs rassemblements qui drainent un monde fou.

« Les pouvoirs publics et l’opposition sont responsables de cet échec des politiques préventives et de lutte contre le virus malgré les efforts déployés par le personnel médical. Le président de la République a allumé et activé le feu … des cas en bafouant les règles de distanciation. Réponse du berger à la bergère, l’opposition lui a emboité le pas en organisant de grands rassemblements elle aussi.

Toutes ces manifestations monstres participent naturellement à une dissémination d’un virus. Il faut oser le dire, le président de la République s’est permis de faire inutilement le tour du pays en pleine crise sanitaire. Il n’a jamais été constant dans ses démarches. Aussi bien lui que les leaders de l’opposition mobilisent des milliers de personnes sans masques, sans aucun respect de la distanciation physique et des mesures barrières ». Pendant que ce médecin s’indigne de cette recrudescence des cas, un autre de ses collègues s’emporte.

« Sincèrement, je ne suis plus l’évolution de la pandémie. Au Sénégal, il est difficile de comprendre le gouvernement et ses différents communiqués. C’est à l’image du président qui semble nous envoyer ceci comme message : « faites ce que je dis, et ne faites pas ce que je fais.

Les tournées économico-politiques font partie du cocktail qui a abouti à une explosion des cas. Mais à quelles proportions ?

Même en Europe, l’épidémie connaît une recrudescence avec le relâchement et le retour des rassemblements. Le Sénégal est un pays très spécial. Les autorités devraient plutôt orienter les efforts sur la sensibilisation afin d’amener la population à se faire vacciner au lieu de continuer les rassemblements ».

La vaccination pour casser la chaine de transmission
Pour casser la chaine de transmission, le Dr Thierno Birahim Dièye invite les populations à aller se faire vacciner « c’est efficace et ça protège contre les formes graves. Ce même si l’efficacité est différente d’un vaccin à un autre. Dans tous les cas, allez vous faire vacciner pour vous protéger et protéger vos proches », recommande ce médecin.

Surtout que la maladie est devenue endémique, selon les explications scientifiques obtenues de nos spécialistes. « J’avais dit que la maladie est devenue endémique alors qu’il n’y avait pas encore de troisième vague. Ce sera toujours comme ça. On assistera parfois à une hausse des cas, parfois à une baisse. Mais il est impensable de parler d’élimination de la maladie », estime pour sa part un médecin officiant dans le privé.

Selon notre consultant en santé, Dr El Hadj Ndiaye Diop, « on parle d’endémie quand la maladie est permanente, et ne disparait pas avec le temps. La maladie à coronavirus a démontré son caractère non saisonnier et sa persistance. A partir de ce moment-là, on peut dire qu’elle est endémique » explique ce médecin travaillant à l’hôpital Ndamatou de Touba.

Maïmouna FAYE FALL

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