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30 militants de Génération Identitaire traquent les « afro-maghrébins » à la frontière franco-espagnole

Ce 19 janvier, l’organisation d’extrême droite Génération identitaire a lancé une nouvelle opération antimigrants, baptisée « Mission Pyrénées » pour traquer les « profils suspects » et « afro-maghrébins », selon eux, à la frontière franco-espagnole. Une action pyrénéenne très similaire à leur précédente opération dans les Alpes, en avril 2018.

Revoilà les 4×4 et les doudounes bleues. Depuis tôt ce matin, mardi 19 janvier, environ trente militants de Génération identitaire, tout de bleu vêtus, patrouillent le long de la frontière franco-espagnole. L’organisation d’extrême droite a choisi les Pyrénées pour mener sa nouvelle opération de propagande antimigrants.

Selon nos informations, trois pick-up floqués du logo « Defend Europe » (« défendre l’Europe ») patrouillent actuellement aux alentours du col du Portillon (1 280 mètres), en Haute-Garonne, traquant d’éventuels migrants qui passeraient par là.

« Nous nous sommes rendus à ce point de passage pour exiger la fermeture totale de la frontière et épauler les forces de l’ordre », précise à Marianne Thaïs d’Escufon, porte-parole de l’organisation identitaire, elle-même sur place.

OPÉRATION XÉNOPHOBE
Cette nouvelle mission est censée se dérouler jusqu’à mardi soir ou mercredi, exclusivement dans le département de Haute-Garonne. Elle a pour but de repérer des « profils suspects » qui chercheraient à franchir la frontière, c’est-à-dire, selon les mots de la porte-parole, les personnes qui « voyagent seul, à pied, et sont d’origine afro-maghrébine ». S’ils venaient à en trouver, ils affirment qu’ils contacteront les forces de l’ordre, mais ne repousseront pas physiquement ces personnes.

Annoncée dès le 15 janvier, l’opération xénophobe a fait l’objet d’un communiqué publié en quatre langues sur Telegram dans la matinée. À grand renfort de photos tape-à-l’œil, avec fumigènes bleus et militants aux lunettes de soleil entretenant une pose se voulant assurée, Génération identitaire y indique que ses activistes « sécurisent » ainsi les « zones d’infiltration possible près de l’Espagne ».

Le réseau identitaire européen dit se mobiliser dans la continuité de la fermeture du col du Portillon. Celle-ci a été décidée le 6 janvier par arrêté préfectoral. Selon un reportage de La Dépêche du Midi, la route de ce col est depuis barrée par des blocs de béton et des opérations de filtrage, dans le cadre de la « lutte contre le terrorisme ».

RELAXÉS EN APPEL
Dans l’après-midi, plusieurs personnalités socialistes locales, dont Carole Delga, présidente de la région Occitanie, Georges Méric, président du Conseil départemental de Haute-Garonne, ou encore Joël Aviragnet, député, se sont insurgées contre cette action, demandant sur Twitter au préfet de « mettre fin fermement et sans délais à ce coup de force contraire aux valeurs de la République ».

À la différence de leur « mission Alpes » qui avait fait scandale en avril 2018, au cours de laquelle des dizaines de leurs militants avaient gravi le col de l’Échelle, puis étendu une bannière hostile aux migrants tout en arpentant le ciel en hélicoptère, cette « mission Pyrénées » ne comprendrait cette fois, selon leur porte-parole, ni hélicoptère, ni bannière, ni présence de militants identitaires étrangers, et ce en raison du « contexte de crise sanitaire ».

À l’époque poursuivis pour avoir « créé dans l’esprit du public une confusion » avec les forces de police, l’organisation et ses trois cadres incriminés, dont Damien Lefevre, alias Damien Rieu, avaient été condamnés en première instance avant d’être relaxés par la Cour d’appel de Grenoble (Isère), le 16 décembre dernier. Une décision qui les a sans doute confortés dans la réitération de l’opération.

Paul Conge

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